L'OLRAP un an après : le changement dans la continuité
Un an après de lourdes menaces de mise en liquidation judiciaire,
après la très forte mobilisation de tous les musiciens de notre orchestre, de l'ensemble de la profession, de notre public, de l'association Défense & Rayonnement de L'OLRAP ainsi que de tous les citoyens soucieux de la préservation de la musique vivante,
après de nombreuses audiences au Tribunal de Grande Instance d'Avignon pour finalement parvenir à un accord sur un plan de sauvegarde valant pour engagement de la part de nos quatre tutelles,
il semble que l'histoire
bégaie à nouveau. En témoignent les articles ci-dessous publiés
aujourd'hui dans la presse locale:
L'orchestre lyrique d'Avignon en cessation de paiement ?
Publié le dimanche 1 novembre 2009 à 14H37
Sur les quatre organismes de tutelle, seule la mairie traîne des pieds.
Nouveau coup dur pour les musiciens de l'orchestre lyrique Région-Avignon: la menace de cessation de paiement. Et c'est à se demander si le concert du nouvel an aura bien lieu
Et si le traditionnel concert du premier de l'an n'avait pas lieu? Pure fiction? Que nenni. Même si Philippe Grison, délégué général de l'Orchestre philharmonique Région Avignon (OLRAP), se défend bien d'envisager le pire, la nouvelle situation financière (et par ricochet judiciaire) de l'OLRAP, présente tous les critères pour une… cessation d'activité.
"Sur les quatre collectivités appelées à soutenir financièrement l'orchestre, à savoir l'État, le Conseil régional, le Conseil général et la municipalité d'Avignon, nous explique Philippe Grison, seule cette dernière n'a toujours pas honoré le solde de sa contribution. Pourquoi? Je m'interroge. D'autant que l'orchestre a présenté depuis l'audience d'homologation au mois de mars 2009 devant le TGI d'Avignon une démarche artistique dynamique, de grande qualité. Démarche qui a toujours eu l'assentiment de tous".
Toujours selon Philippe Grison, la part de la Ville s'élève à
ce jour à 684.000 euros. "Malheureusement,ajoute-t-il,le
passif cumulé de l'orchestre se monte à 660000 €. Dans ces
conditions, je suis dans l'impossibilité de payer les salaires pour
le mois de novembre. Or, il suffirait que la Ville respecte ses
engagements pour que la situation ne soit plus désespérée!
Actuellement, j'en suis rendu à convoquer un Conseil d'Établissement
extraordinaire"
Une situation ubuesque
De
son côté, Jacques Crespy, président de l'association, ajoute:
"Nous sommes devant une situation ubuesque. D'un côté, la
Région et le Département ont payé la subvention mais n'ont pas
signé la convention, de l'autre la Ville n'a pas payé mais a signé
la convention! L'orchestre est pris en otage entre des raisons
politiques et des raisons administratives. Que chacun se mette face à
ses responsabilités. Personnellement, j'ai pris les miennes!"
Pour sa part, et en attendant une probable réunion qui doit avoir lieu lundi sur le sujet, la Ville répète ce qu'elle a déjà dit: elle ne veut pas s'engager plus avant si la Région et le département ne signent pas la convention, comme il est d'usage depuis une trentaine d'années. Pour Frédéric Béthune, représentant du personnel de l'orchestre, "les désaccords autour de la convention quadripartite sont un faux problème qui ne peut justifier une telle attitude. La Ville avait pourtant validé ce Plan avec les autres collectivités en conseil d'administration acceptant ainsi l'intégralité de son contenu. Ce plan a été ensuite homologué par le tribunal. Aucune collectivité ne peut s'y soustraire, au risque de devoir endosser la responsabilité de la disparition de l'orchestre!"
Philippe Grison ne cache pas sa colère."Si la mairie ne révise pas sa position dans les jours qui viennent,dit-il, l'orchestre va se retrouver en cessation de paiement. À moins que nous décidions de déposer plainte contre X pour harcèlement". Une nouvelle partition est peut-être en train de s'écrire.
Hervé Aujames (haujames@laprovence-presse.fr) (La Provence du 1/11/09)
L'avenir de l'orchestre régional ne tient qu'à un fil
L'orchestre lyrique de
région Avignon-Provence (Olrap) est, une nouvelle fois, au bord du
gouffre. La mairie d'Avignon bloque, en effet, une subvention de
640000€ (elle a déjà versé 500000€). Un retard qui menace la
survie de la structure à en croire ses responsables.
« On a payé les salaires d'octobre avec un découvert, mais aujourd'hui on n'a plus les moyens. On a des fournisseurs, des annonceurs, on a des tas de choses à payer. C'est une entreprise », s'inquiète Jacques Crespy. Dès lundi, le président de l'Olrap va d'ailleurs saisir l'avocat de la structure. Le tribunal doit être informé de l'incapacité de l'orchestre à pouvoir exécuter son plan de sauvegarde.
Un risque de liquidation judiciaire
Un gros risque pour l'Olrap, qui pourrait être mis en liquidation pure et simple.
« Une situation abracadabrante », de l'aveu même du délégué général de l'Olrap, nommé en début d'année par le ministère de la Culture. Avec l'homologation d'un plan de sauvegarde, en début d'année, par la justice, la structure avignonnaise pensait, en effet, avoir tourné la page de deux décennies d'ennuis financiers. Il n'en est rien.
« Les tutelles [mairie, département, région, Etat, Ndlr] y sont allés à reculons et depuis nous constatons périodiquement des réticences », déplore Frédéric Béthune. Le représentant du personnel de l'Olrap cite, pêle-mêle, les reculades du conseil général de Vaucluse et de la Région qui ont tout bonnement refusé de voter ce plan triennal, comme elles s'y étaient pourtant engagées. Elles lui ont, finalement, préféré des accords bipartites annuels en échange de leur subvention.
Un casus belli pour la municipalité d'Avignon, qui a vu dans ce revirement une « rupture unilatérale des accords ». Comble du paradoxe, elle a aussitôt gelé ses crédits, alors qu'elle était pourtant la seule à avoir entériné le plan de sauvegarde.
« Ubuesque », se désole le président de l'Olrap.
« Sans accord collectif, ce n'est pas pilotable »
Fierté mal placée ou véritable débat idéologique. Frédéric Rogier, adjoint au maire d'Avignon chargé de l'Olrap, plaide la bonne foi. « Débloquer l'argent tout de suite n'offrirait aucune vision au-delà de décembre. C'est reculer pour mieux sauter. C'est un système sans fin. S'il n'y a pas d'accord collectif, chacun fait comme il veut, chacun fait son programme, ce n'est pas pilotable. Ça pourrait même mal se terminer », prévient-il.
« Un faux prétexte », selon le délégué général de l'orchestre.
« On n'a pas besoin que la convention quadripartite soit signée pour débloquer les fonds.
Il faut que les politiques se rendent compte que l'Olrap est en péril » martèle Philippe Grison.
Pour le président Jacques Crespy, les jours de l'Olrap sont désormais comptés. « Il faudrait que la situation soit réglée la semaine prochaine », insiste-t-il.
Le responsable en appelle au préfet de Vaucluse pour débloquer la situation.
Jean-François Garcin (Le Dauphiné Libéré du 1/11/09)
Une fois de plus, l'OLRAP et ses musiciens se retrouvent les jouets des rivalités politiques, des pré-campagnes électorales, des règlements de comptes mesquins, des concours régionaux de mauvaise foi entre élus de tous bords : lamentable irresponsabilité...